Après les manifestations pour la Grève mondiale pour la justice climatique, la campagne électorale entame son dernier droit.
Les catastrophes naturelles se multiplient et s’intensifient comme nous l’avons vu avec l’ouragan Fiona. Qu’à cela ne tienne, les 5 partis politiques se complaisent dans une offre climatique timide et complètement diluée parmi leurs autres enjeux. C’est plutôt une action radicale, comme l’ont demandé les manifestants, qui doit être mise en place, et ce très rapidement. Face à l’urgence climatique, tous les autres enjeux deviennent secondaires. Il est question ici de ce que l’État du Québec peut et doit changer pour faire sa part pour la survie de l’humanité. Il est évident que les usines liées aux énergies fossiles et les entreprises délinquantes récidivistes devront fermer. On constate toutefois qu’aucun des 5 partis n’a le courage d’y faire face.
Même QS promet de ne fermer aucune usine. Ce n’est pas sérieux !
Gabriel Nadeau-Dubois a répliqué à François Legault : « Il n’est pas question de fermer aucune entreprise. […] Quand M. Legault dit qu’on va fermer des industries, il ment aux Québécois, aux Québécoises. Et ça, c’est indigne de quelqu’un qui veut se présenter au poste de premier ministre ». À vrai dire, qui est-ce qui ment aux Québécois ? Il ne peut pas y avoir d’actions proclimats sérieuses sans la fermeture de certaines usines. Soit Gabriel Nadeau-Dubois ment aux Québécois sur les fermetures d’entreprises, soit il ment sur le sérieux de son plan climatique.
Les entreprises de gaz et de pétrole devront fermer
La première cible pour réduire nos GES est d’éliminer le gaz « naturel » de nos usines et de nos bâtiments. Ici, le gaz est à 80 % et plus du gaz de schiste donc plus polluant que le pétrole. C’est la mesure la plus rapide et la moins chère à implanter. Dans un seul mandat, il est possible d’éliminer le gaz de tous les bâtiments. Lorsque nous aurons converti l’ensemble des chaudières, fournaises et procédés actuellement au gaz « naturel », à l’électricité, la géothermie ou autres énergies renouvelables, les distributeurs de gaz « naturel » n’auront plus de contrat.
Pour ce qui est du pétrole, nous pourrons également l’éliminer facilement des usines et des bâtiments dans un court laps de temps. Toutefois, du côté des transports, un effort concerté pour mettre en place une panoplie de mesures sera nécessaire. Gratuité du transport en commun et investissement massif pour améliorer l’offre de transport en commun aux niveaux local, régional et interrégional permettront de diminuer le nombre de voitures. Il faudra aussi électrifier l’ensemble des véhicules. Avec la diminution et l’élimination du pétrole de notre équation énergétique, les raffineries et distributeurs du Québec n’auront plus leur raison d’être.
Les entreprises délinquantes récidivistes devront fermer
Les entreprises délinquantes comme la Horne qui empoisonne à l’arsenic des quartiers entiers devront se conformer ou fermer. Aussi, une usine comme Ciment McInnis, qui représente le plus grand émetteur de GES et qui bafoue les règlements, n’a pas sa place et devra fermer.
Avec la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans plusieurs secteurs industriels et qui touche de nombreuses régions, la relocalisation des travailleurs dans leur domaine de spécialité sera grandement facilitée. Pour les autres travailleurs, l’État offrira un support complet en termes de compensation monétaire et d’offre de formation pour leur relocalisation.
Le refus de la classe politique québécoise face à l’idée de fermer certaines usines au Québec est une démonstration que le déni climatique reste leur positionnement politique le plus confortable. Cette situation est intenable ! Ce sont les électeurs qui, au bout du compte, ont le pouvoir de changer la donne !
Martine Ouellet
Cheffe de Climat Québec et ancienne ministre des Ressources naturelles